QIANLONG

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QIANLONG [K’IEN-LONG] (1711-1799) empereur de Chine (1736-1795)

Qianlong est le quatrième empereur de la dynastie mandchoue des Qing à régner sur la Chine. Son long règne (écourté un peu plus de trois ans avant sa mort pour ne pas dépasser le «record» de son grand-père Kangxi) coïncide avec l’apogée de la dynastie: rarement en fait, dans toute son histoire, la Chine a été aussi prospère et aussi puissante. Monté sur le trône à vingt-cinq ans après avoir été (comme ses frères) soigneusement préparé au métier d’empereur, Qianlong affirme vouloir suivre une voie moyenne entre la tolérance de Kangxi et la rigueur de son père Yongzheng. Les réformes administratives de Yongzheng sont préservées, de même qu’un style de gouvernement plus centralisé que jamais, s’appuyant sur la communication directe entre l’empereur et ses proches conseillers (le Grand Conseil) d’une part, les hauts fonctionnaires provinciaux et métropolitains de l’autre. Ces institutions font peser une charge considérable sur l’empereur lui-même, et, tout comme son père, Qianlong est un travailleur acharné, suivant avec une attention impitoyable la marche des affaires dans toutes les parties de l’empire. Politiquement, son règne peut être divisé en trois grandes périodes. Pendant la première, le Grand Conseil est dominé par des hommes d’État expérimentés, arrivés au pouvoir sous le règne de Yongzheng, tels Oertai et Zhang Tingyu. Pendant la deuxième (1750-1780 env.), les principaux conseillers de l’empereur sont son beau-frère Fuheng (mort en 1770), puis Yu Mingzhong; c’est pendant ces années que Qianlong exerce le pouvoir de la façon la plus «personnelle». Le nouvel homme fort, dès avant 1780, est Heshen, un jeune Mandchou de la garde impériale devenu le favori du vieil empereur; brillant mais corrompu, Heshen monopolise le gouvernement avec la complicité active ou forcée de la plus grande partie de la bureaucratie; en dépit de l’abdication volontaire du nouvel an 1796, Qianlong et Heshen conservent le pouvoir de facto jusqu’à la mort du premier, promptement suivie de l’arrestation et de l’exécution du second.

Poursuivant les efforts de ses prédécesseurs, Qianlong réussit à briser finalement le pouvoir des Mongols Zungar et à instaurer la domination définitive des Qing en Ili et dans le Turkestan musulman (1755-1759). L’empire a désormais atteint sa plus grande dimension, à quelques détails près celle de l’actuelle République populaire. Plusieurs autres expéditions, qui rencontrent des succès variés, marquent le règne: contre les tribus des contreforts orientaux du Tibet (1745-1749 et 1770-1776), en Birmanie (1766-1771), contre une rébellion à Taiwan (1786-1788), pour soutenir une dynastie vassale au Vietnam (1787-1789), contre les Gurka du Népal (1792). Ces aventures militaires se déroulent toutes aux périphéries de l’empire. Plus inquiétantes sont les rébellions qui éclatent à la fin du règne en Chine propre, dans les périphéries régionales: celle des minorités Miao du Hunan et du Guizhou (1795-1797), et surtout celle, provoquée par les exactions de l’administration, des populations qui défrichent les massifs situés à la limite du Hubei, du Sichuan et du Shaanxi; elle ne sera réduite qu’après huit ans d’une guerre ruineuse et inefficace (1795-1803).

Malgré le coût de ces opérations et le style de vie de plus en plus dispendieux de la cour après 1750 (avec notamment de nombreuses tournées impériales dans le Sud), les finances publiques dégagent des excédents considérables jusqu’à la fin du règne, et ce grâce à une fiscalité assainie par les réformes de Yongzheng, appuyée sur le formidable développement économique et démographique qui caractérise la période. L’organisation des secours dans les régions touchées par des calamités naturelles et les stockages de grains publics sont systématisés et développés à un point inconnu jusqu’alors. La totalité de l’empire bénéficie par quatre fois d’une remise gracieuse des impôts de l’année. C’est sous Qianlong également que s’organise le commerce de Canton (désigné comme seul port ouvert aux Occidentaux en 1757), lequel procure des revenus considérables et a un impact notable sur l’économie de l’intérieur (thés, soies). L’hostilité des Anglais au système de Canton, qui limite sévèrement le volume et la liberté du commerce, est à l’origine de la mission Macartney (1793), laquelle n’obtient rien mais nous vaut plusieurs comptes rendus riches d’aperçus sur la prospérité et la tranquillité de l’empire à la fin du XVIIIe siècle. Les signes avant-coureurs d’une crise qui éclatera au grand jour au XIXe siècle sont pourtant là: pression démographique, fragilité des grands travaux hydrauliques, corruption et insuffisance numérique de la bureaucratie...

Par-delà l’image qu’il s’est efforcé de donner de lui-même — souverain éclairé, soucieux du bien-être du peuple, protecteur des arts et des lettres, poète prolifique, chasseur émérite... — Qianlong apparaît comme un personnage énergique, clairvoyant, ayant une haute idée des devoirs de sa charge. Son goût du luxe et des bibelots se retrouve dans les immenses collections assemblées au palais et dans la résidence d’été du Yuanmingyuan, à l’ouest de Pékin, pour laquelle il fait dessiner des bâtiments et des jardins à l’italienne par les Jésuites. Le plus important des projets éditoriaux patronnés par Qianlong est le Siku quanshu , une collection rassemblant tous les grands textes de la tradition chinoise, édités par les meilleurs lettrés de l’empire. Mais le projet est aussi l’occasion d’une «chasse aux sorcières» visant à rechercher et à confisquer tous les textes risquant de porter ombrage aux Mandchous et aux autres ethnies qui ont étrangères qui ont dominé la Chine, et à en punir les auteurs ou les détenteurs.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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